La mort de la poulette
un conte de Jacob et Wilhelm Grimm
illustré par Albert Weisgerber et Otto Ubbelohde
traduit en français par Cyrille Largillier avec l'aide de Ghislain, Goofy, Mathilde et Odysseus
Cette oeuvre appartient au domaine public.
Il était une fois une poulette et un coquelet qui allèrent à la colline aux noix. Ils convinrent que celui qui trouverait une noix devrait la partager avec l'autre. La poulette trouva une grosse noix mais elle ne dit rien et voulut la manger seule.
La noix était si grosse qu'elle ne put l'avaler et elle resta coincée dans sa gorge au point qu'elle craignait de mourir étouffée. Elle cria : « Coquelet, je t'en prie, cours aussi vite que tu le peux et rapporte-moi de l'eau, je vais étouffer ! ». Le coquelet courut aussi vite qu'il put vers le puits et dit : « Puits, peux-tu me donner de l'eau ? La poulette est sur la colline, en train de s'étouffer avec une grosse noix ! » Le puits répondit : « Cours d'abord voir la mariée pour qu'elle te donne de la soie rouge. » Le coquelet courut jusqu'à la mariée : « Jeune mariée, donnez-moi de la soie rouge ; soie rouge que je donnerai au puits ; puits qui me donnera de l'eau ; eau que j'apporterai à la poulette qui est couchée sur la colline et qui est en train de s'étouffer avec une noix. »
La mariée répondit : « Cours me chercher ma couronne qui est accrochée à un saule. » Alors le coquelet courut jusqu'au saule, décrocha la couronne de la branche, l'apporta à la mariée qui lui donna de la soie rouge qu'il donna au puits qui lui donna de l'eau pour la poulette ; mais la poulette s'était étouffée entre temps.
Elle était morte et ne bougeait plus. Le coquelet était tellement affligé qu'il hurla et tous les animaux vinrent déplorer la mort de la poulette. Six souris construisirent un petit chariot pour l'emmener jusqu'à sa tombe ; et quand le chariot fut prêt, elles s'attelèrent à lui, le coquelet le dirigeant.
Sur le chemin, surgit le renard :
« - Où vas-tu, coquelet ?
- Je vais enterrer ma poulette.
- Puis-je t'accompagner ?
- Oui, mais assieds-toi à l'arrière du chariot, à l'avant mes petits chevaux ne pourraient plus avancer. »
Le renard s'assit donc à l'arrière tout comme le loup, l'ours, le cerf, le lion et tous les animaux de la forêt. Le voyage continua ainsi et ils arrivèrent à un ruisseau. « Comment allons-nous le franchir ? » dit le coquelet. Il y avait là un brin de paille qui dit : « Je vais me coucher par-dessus le ruisseau et vous pourrez passer. »
Mais lorsque les souris avancèrent sur le brin de paille, celui-ci glissa et tomba dans l'eau ; les six souris tombèrent aussi et se noyèrent. Ils étaient à nouveau en difficulté quand du charbon arriva et dit : « Je suis assez grand pour enjamber le ruisseau, vous pourrez me passer dessus. » Le charbon se mit en travers mais il toucha malheureusement un peu l'eau, siffla et mourut. Quand une pierre vit cela, elle voulut aider le coquelet, elle se coucha au milieu de l'eau. Le coquelet tirait lui-même le chariot, il atteignit l'autre rive avec la poulette morte ; il était sur le point de tirer les autres assis à l'arrière mais ils étaient trop nombreux et le chariot repartit en arrière ; tous les animaux tombèrent dans l'eau et se noyèrent. Le coquelet resta seul avec la poulette morte, il lui creusa une tombe dans laquelle il la déposa ; il fit un monticule au-dessus sur lequel il s'assit si longtemps qu'il mourut rongé de chagrin. Et alors, tout le monde était mort.