École et harcèlement scolaire


Même si la situation évolue positivement, les évènements récents montrent que les réponses institutionnelles récentes, aux différents niveaux hiérarchiques, peuvent parfois être totalement inappropriées.
En partant de phrases que j’ai pu entendre directement ou lire sur les réseaux sociaux, je vous propose quelques remarques qui peuvent nous servir à faire évoluer nos réponses.

(Mon propos concerne le premier degré que je connais bien, peut-être est-il extensible au-delà mais sans certitude)

« Le harcèlement, c’est la mode ! »

Oui les médias parlent de plus en plus de ce phénomène. Même s’il est vrai que certains (la plupart ?) d’entre eux se complaisent à filmer la détresse humaine, je suis convaincu que cette médiatisation est positive pour une prise de conscience collective.
Pour autant, une famille qui vient vous signaler que son enfant est harcelé est toujours à prendre au sérieux. Souvent, ce se sera vraiment du harcèlement.

« Oui, mais là ce n’est pas du harcèlement. »

Peu importe. Un enfant ou une famille qui signale une situation de harcèlement, c’est forcément le signal d’un problème.

Le problème n’est peut-être pas du harcèlement. Il est vrai qu’avec la médiatisation de ces derniers mois, toute situation problématique est assez vite nommée harcèlement.

Néanmoins, même si ce n’est qu’un incident ponctuel, celui-ci doit il est ignoré ?

Un enfant qui se dit harcelé révèle un problème qui peut être de différents ordres. Cela peut être, par exemple, un problème ponctuel avec un camarade ou encore une difficulté à l’extérieur de l’école. Il m’est même arrivé une fois qu’un élève qui était venu se plaindre de harcèlement auprès de son enseignant, se soit révélé révélé être le harceleur de l’élève en question. Bref. Tout est possible. Mais dans tous les cas, c’est révélateur d’une situation problématique qui donc absolument être considérée et traitée.

« Mais c’est impossible, il ne peut pas être harcelé. Je l’aurais vu. »

Il s’agit d’une posture d’autodéfense qui se retrouve encore chez certains collègues. Peut-être parce qu’ils sentent une certaine culpabilité de n’avoir pas vu le harcèlement se mettre en place. Et ils ne comprennent pas comment cela aurait pu leur échapper. Un professeur des écoles gère en effet sa classe toute la journée et a souvent une connaissance assez fine de celle -ci.

Mais par définition même du harcèlement, si elle existe c’est qu’on ne l’a pas vue. Sinon l’adulte aurait agit avant et la répétition, propre au harcèlement, n’aurait pas pu se mettre en place s’installer.

La position de l’enseignant devrait à mon sens être la suivante lors de la réception d’une telle information.

« Merci de nous avoir avertis de cette situation. Malgré notre vigilance, il peut malheureusement arriver que certaines situations nous échappent. Nous allons nous occuper de ce problème. Nous vous tiendrons informés dans les prochains jours. »

Puis, on reçoit l’enfant en question, les potentiels harceleurs, les observateurs…

« Mais c’est rien ce qu’il lui a fait, ce qu’il lui a dit ! »

C’est le plus souvent vrai à l’école primaire. Chaque acte pris isolément n’est pas très grave : une moquerie, un gros mot, une poussée, une bousculade…
C’est une des difficultés du diagnostic du harcèlement.
Mais ce qui devient insupportable pour la victime, c’est sa répétition quotidienne.

« Alors comment je fais pour savoir si c’est du harcèlement ? »

Quand un enfant vient se plaindre à la récréation que « Xxx m’a embêté ! », il est compliqué de savoir réellement ce qu’il en est, si c’est important ou pas, un évènement lié à du harcèlement ou pas.
Petite phrase toute bête qui peut vous aider.
« Il t’a déjà embêté hier ? Cette semaine ? »
Ainsi, vous pourrez être alerté sur le côté répétitif d’un comportement typique du harcèlement (à condition bien sûr que l’enfant se sente près à le dire, mais au moins, on ouvre la porte).

Avoir des séances en classe spécifiques sur le harcèlement permet aussi aux élèves de mieux faire la différence entre du harcèlement et d’autres problèmes. Ainsi, ils peuvent plus facilement utiliser les bons mots aux bons moments. Ces séances favorisent également l’empathie chez les enfants en leur faisant comprendre le mal-être qu’un harcèlement peut engendrer.

(Si cela peut vous aider, vous pouvez utiliser mon mini-roman « Enfer d’école »)

Détecter une situation de harcèlement n’est pas une chose simple. Il convient d’être à l’écoute de toute situation, d’être ouvert à l’éventualité que, oui, un harcèlement est possible dans ma classe, mon école et essayer que cela se produise le moins souvent possible en familiarisant les élèves à cette problématique.

Photo de Aaron Burden sur Unsplash

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