Les émotions à l’école
Deux collègues (NumerKinstit et Ruralie des fleurs) échangeaient sur Twitter autour d’un nouveau parcours Magistère proposé sur la gestion des émotions. Elles m’ont permis de réfléchir et de clarifier mon positionnement sur la prise en compte des émotions.
Le parcours M@gistère
Afin de me faire une idée, j’ai suivi le parcours.
Globalement, les vidéos de diagnostic sur l’intérêt de prendre en compte les émotions sont plutôt intéressantes.
Parmi les intervenants, nous avons Catherine Gueguen qui parle de maltraitance émotionnelle et de ses conséquences sur le développement de l’enfant.
Elle donne trois conseils pour prendre en compte les émotions de l’enfant :
- être empathique
- aider l’enfant à exprimer ses émotions
- l’apaiser
C’est la mise en œuvre en classe qui me pose plus question.
Une partie présente des situations d’élèves et propose souvent de dire à l’élève « Je ne vois que tu vas pas bien, on peut en parler de manière isolée du groupe. » Cette démarche me semble pertinente.
Par contre, toute une partie me questionne plus dès lors qu’il s’agit de faire des séances collectives sur les émotions. J’ai l’impression que ce type de solutions est un biais, une interprétation. D’ailleurs, une séquence de ce parcours me semble symptomatique.
Grégoire Borts déclare « L’émotion est un vecteur extrêmement puissant d’aide au raisonnement. »
Et les auteurs du parcours en déduisent à la suite qu’il « est important de le travailler en classe. »
Mais pour quelle raison ? Il me semble qu’il y a une possibilité d’avoir une posture qui permette de gérer ces émotions sans tomber dans des dérives.
Comment je gère les émotions dans la classe et l’école ?
(Cette partie a été en grande partie avant que je réalise le parcours de formation).
Je précise tout d’abord que je n’ai aucune légitimité spécifique, il s’agit juste de mon point de vue d’enseignant / directeur depuis une vingtaine d’année (et d’ancien élève hypersensible).
De mon point de vue, l’enseignant doit avoir une posture bienveillante qui prend en compte chacun dans sa diversité. Cette bienveillance doit se traduire au quotidien dans la manière de s’adresser à un élève. Tous les élèves n’ont pas la même sensibilité et il faut savoir s’adresser (en verbale et en non-verbale) de manière adaptée, notamment pour les élèves hypersensibles, vous en avez certainement plusieurs dans votre classe.
Même si parfois on doit secouer les bretelles d’un élève, il faut réussir à distinguer les moments où l’élève glandouille ou papote avec un camarade pour le plaisir des moments où l’élève est en difficulté émotionnelle. Ainsi, il me semble nécessaire de pouvoir offrir un espace d’écoute à un enfant qui en aurait besoin.
Quand un des mes élèves ne va pas bien, je lui demande s’il veut en parler avec moi, avec un de ses camarades ou pas du tout. S’il ne souhaite pas du tout, le lui propose encore s’il le souhaite de l’écrire ou d’en parler plus tard à quelqu’un d’autre. Dans la très grande majorité des cas, il m’en parle ou il en parle à un de ses amis. Cette discussion s’effectue toujours en dehors de la classe sans la présence d’autres personnes. Petit détail, mais qui a son importance, ne jamais promettre à élève que ce qu’il va vous raconter restera entre vous et lui. Le jour où un élève vous annoncera des coups, un viol… vous ne pourrez pas tenir la promesse faite à un môme en détresse.
Je donne aussi un moment et un lieu pour s’expliquer lors d’une embrouille entre deux camarades car cela peut les empêcher d’être concentré sur les apprentissages pendant le reste de leur journée. De la même manière, cette explication se fait en tête à tête. Je leur glisse juste avant, éventuellement, le conseil d’exprimer à leur camarade ce qu’il ressente dans la situation afin que l’autre puisse comprendre. Et dans la très grande majorité des cas, ils résolvent eux-même le problème, sans moi.
Dans tous ces cas là, cela ne se fait surtout pas dans la classe.
Pour moi, la classe ne doit pas être le lieu où chacun doit étaler ses sentiments devant tous les autres (ni à l’oral ni par un dessin ni par un pictogramme). Nous devons respecter l’intimité émotionnelle de chacun. Nous ne sommes pas dans une thérapie de groupe. Ce n’est pas notre rôle d’enseignant