Le libre et l’éducation nationale : je t’aime moi non plus
Si on faisait un bilan du libre (que ce soit au niveau des logiciels ou des ressources pédagogiques) dans l’éducation nationale, je crois que celui-ci serait assez sévère.
Certes, dans les établissements scolaires, LibreOffice est souvent présent accompagné de VLC. Mais trop souvent pour des raisons pécuniaires. L’idéologie du libre n’a, elle, pas percé. Ses notions de partages, d’égalité, de diffusion, d’utilisation et d’appropriation par et pour tous ne sont quasiment jamais évoquées.
Alors que c’est pour moi l’intérêt de ces licences ; permettre à chacun d’accéder à l’éducation dans les mêmes conditions que son voisin.
Pourquoi n’y a-t-il donc pas de ressources sous licence libre dans l’éducation nationale ?
Au niveau de l’institution
Les différentes strates administratives sont souvent sclérosées par la suite bureautique de Microsoft. Il est donc très rare de recevoir un document dans un format ouvert.
Le système reste également très pyramidal et lorsque le libre est évoqué avec des inspecteurs, des conseillers pédagogiques (pas tout bien évidemment), se pose pour eux le problème du contrôle, de la validation des ressources. Pour eux, il faut avoir la garantie que la ressource ne soit pas modifiée une fois que celle-ci aura été validée. Nous sommes ainsi en totale opposition aux principes des licences libres qui permet à chacun de modifier et s’approprier une ressource. C’est également contraire au fonctionnement des enseignants qui mélangent, remixent différents ressources afin de proposer ce qui leur semble le plus approprié à leurs élèves.
Au niveau des enseignants
Il faut ici noter une évolution intéressante ces dernières années. De plus en plus de blog / site d’enseignants abordent une licence creative commons. Mais il est très rare que celle-ci soit libre. La mention NC (non commercial) est quasiment systématique. La raison la plus souvent évoquée : la peur que quelqu’un se fasse de l’argent avec leur travail. Il est vrai qu’on rencontre parfois des personnes qui piochent à droite et à gauche des ressources et les mettent en vente. Après, est-ce qu’il y a vraiment des gens qui les achètent ? Et surtout qu’est-ce que cela fait perdre à l’auteur réel de la ressource ? Rien. Et imaginons le scénario suivant : quelqu’un met en vente, sans l’accord de l’auteurune ressource avec la clause NC. Qui serait prêt à se lancer dans une démarche judiciaire ? Et pour quel résultat ? Bref, le NC n’apporte finalement pas d’intérêt.
Au niveau des enseignants et de l’institution.
Pour continuer avec la clause NC, un argument évoqué est « l’école est gratuite, donc le NC ne pénalisera personne ». C’est ici une vision assez restreinte de l’éducation. Cela sous entendrait qu’il ne peut y avoir éducation que dans le cadre de l’éducation nationale. Les animateurs, éducateurs, personnels associatifs… n’apporteraient donc aucun savoir, connaissance aux personnes auprès desquelles ils interviennent ? Leurs interventions pouvant être payantes, ils ne peuvent donc pas réutiliser ces ressources en NC. Quel dommage car il me semble qu’on ne se construit pas qu’à l’école et qu’un enfant ou un adulte apprend également énormément en dehors de ce cadre. Nous ne sommes pas, enseignants, seuls dépositaires du savoir à transmettre.